Un propriétaire de gîte découvre un matin que la somme de taxe de séjour collectée par Booking.com ne correspond pas à celle qu’il doit reverser à sa commune. Depuis 2019, la plateforme a instauré des procédures de collecte automatique dans de nombreuses villes françaises. Pourtant, la règle ne s’applique ni partout, ni à tous les hébergements. Entre localisation, statut de l’hôte et accords spécifiques, difficile de s’y retrouver. Parfois, le voyageur règle la taxe lors de sa réservation, mais l’hébergeur ne la voit jamais passer. Ce fonctionnement singulier suscite une cascade d’interrogations chez les professionnels du tourisme.
Plan de l'article
- La taxe de séjour en France : à quoi sert-elle et qui est concerné ?
- Booking.com collecte-t-il la taxe de séjour ? Ce qu’il faut savoir
- Quelles sont les conditions pour une collecte automatique par les plateformes ?
- Booking, Airbnb et les autres : quelles différences dans la gestion de la taxe de séjour ?
La taxe de séjour en France : à quoi sert-elle et qui est concerné ?
La taxe de séjour façonne le paysage du tourisme français depuis des générations. Décidée par le conseil municipal ou l’établissement public de coopération intercommunale, elle finance directement l’accueil, la communication ou les infrastructures mises à la disposition des visiteurs. La politique qui découle de cette collecte alimente l’attractivité de destinations comme Paris et d’innombrables communes à travers le pays, cherchant à offrir la meilleure expérience possible à leurs hôtes.
Qui est visé par cette taxe ? Toute personne qui de passage, s’installe pour une ou plusieurs nuits dans un hébergement touristique : hôtel, résidence, chambre d’hôtes, meublé de tourisme, camping ou auberge. Les hébergements en attente de classement sont soumis à des règles particulières, avec une tarification distincte. Toutefois, des populations précises, comme les mineurs, certains travailleurs saisonniers ou encore des bénéficiaires de l’hébergement d’urgence, sont exonérées de cette charge.
Le montant demandé varie en fonction de la catégorie, du classement, et de la commune. C’est la collectivité qui le fixe, dans le cadre posé par le code général des collectivités territoriales et la loi de finances. Deux systèmes cohabitent : la taxe de séjour au réel, basée sur le nombre de personnes et de nuitées, et la taxe de séjour forfaitaire, qui prend en compte la capacité d’accueil de chaque établissement. La mission de collecter ces sommes peut être confiée à une plateforme de réservation, si un accord en ce sens existe.
Quelques repères pour mieux situer les enjeux :
- Tarif de la taxe de séjour : quelques dizaines de centimes à plusieurs euros par nuit.
- Périmètre : s’applique aux communes à vocation touristique, ainsi qu’aux stations classées et métropoles attractives.
- Base légale : déterminée par les codes des collectivités, les décisions locales et la loi finances rectificative.
Booking.com collecte-t-il la taxe de séjour ? Ce qu’il faut savoir
Les propriétaires de locations touristiques se posent souvent la même question : Booking.com prélève-t-il la taxe de séjour, et dans quelles conditions ? La réponse dépend en vérité de plusieurs paramètres : la commune concernée, le type d’hébergement proposé, et les arrangements passés entre la plateforme et la collectivité.
Là où certaines plateformes ont mis en place une collecte systématique, Booking.com opère selon des modalités variables, limitées à certaines communes qui ont signé une convention spécifique. Dans bien des cas, la tâche de collecter et reverser la taxe repose donc toujours sur le propriétaire ou le responsable de l’hébergement. A chaque réservation, la plateforme indique si le montant de la taxe est intégré ou non au prix présenté au voyageur.
Voici les grandes situations courantes rencontrées avec Booking.com :
- Collecte automatique si la commune a passé un accord particulier avec la plateforme.
- Mention de la taxe au moment de la réservation lorsque la plateforme gère directement la collecte.
- Responsabilité qui reste entre les mains du propriétaire, si la collecte n’est pas prise en charge automatiquement.
Le paysage réglementaire est mouvant. Il faut consulter régulièrement les informations fournies par sa collectivité ou l’espace partenaire Booking.com pour connaître les règles applicables. Tout dépend de la géographie, du type d’hébergement proposé et des accords noués entre la plateforme et les pouvoirs publics locaux.
Quelles sont les conditions pour une collecte automatique par les plateformes ?
La collecte automatique de la taxe de séjour ne s’improvise pas. Elle s’inscrit dans un strict cadre légal, calé sur les dispositions du code des collectivités territoriales et de la loi de finances. Les plateformes qualifiées d’OTA (Online Travel Agency), comme Booking.com, peuvent assurer cette mission dès lors qu’une convention officielle a été validée avec la collectivité, et que plusieurs autres critères sont remplis.
Les conditions suivantes doivent être réunies pour qu’une collecte automatique soit en place :
- La plateforme gère la réservation et le paiement en ligne, y compris l’encaissement du montant total dû par le client.
- La collectivité a bien transmis à la plateforme la grille tarifaire détaillée pour chaque type d’hébergement.
- Le numéro d’enregistrement du loueur ou gestionnaire est renseigné, lorsque la réglementation locale l’impose (notamment dans les grandes villes).
- L’hébergement est clairement identifié : classé, en attente de classement ou non classé, car le montant à prélever varie selon la catégorie déclarée.
En bref, la collecte automatique n’est ni généralisée, ni automatique. Elle repose sur la volonté des collectivités et la capacité de la plateforme à gérer tous les éléments (catégorie, saison, nombre de nuitées, cas d’exonération). Impossible donc de s’en remettre systématiquement à la technologie ou à l’usage : chaque situation doit être vérifiée de près.
Booking, Airbnb et les autres : quelles différences dans la gestion de la taxe de séjour ?
Si l’on regarde derrière le décor digital des plateformes de réservation, chaque acteur adopte ses propres pratiques concernant la taxe de séjour. Airbnb par exemple, a adopté assez tôt un schéma de collecte généralisé et automatique dans la majorité des grandes villes et de nombreuses petites communes. Pour chaque réservation, la taxe est calculée en fonction de la catégorie de l’hébergement et reversée directement à la collectivité : le propriétaire, lui, ne s’en occupe pas.
Booking.com a longtemps choisi une autre voie, en confiant la gestion de la taxe à l’hébergeur. Mais la situation évolue : Booking commence à proposer la collecte automatique dans certaines villes, à condition que la collectivité ait formalisé un accord encadrant cette gestion. Dans ce cas, la plateforme intègre le calcul de la taxe selon le nombre de nuitées et la catégorie déclarée de l’hébergement, puis la prélève avec le règlement de la réservation.
Pour y voir plus clair, voici les grandes lignes qui distinguent les différentes plateformes :
- Airbnb : collecte généralisée et reversement direct aux collectivités, sans intervention du propriétaire.
- Booking.com : dispositif partiel de collecte automatique, dépendant des accords locaux.
- Diverses autres plateformes : fonctionnement hétérogène, beaucoup se contentant de laisser ce volet à la charge des loueurs.
Au final, chaque réservation amène son lot de vérifications : rien n’est figé, ni simplifiable à l’extrême. Être propriétaire ou gestionnaire, aujourd’hui, suppose de rester en vigilance permanente face à la multitude de règlements et à l’évolution des plateformes. Un angle mort, et c’est tout l’équilibre économique ou administratif qui peut vaciller à l’improviste.































